L’abandon de poste est un sujet sensible dans les relations employeur-salarié. Ni une démission claire, ni une absence justifiée, il s’agit d’une situation floue qui peut déclencher une procédure disciplinaire, voire un licenciement. Mais une question revient souvent : au bout de combien de temps une absence injustifiée est-elle considérée comme un abandon de poste ? La réponse n’est pas aussi immédiate qu’on pourrait le croire.
Contrairement à ce que l’on imagine, aucun texte de loi ne définit précisément le délai à partir duquel une absence devient un abandon de poste. Il ne s’agit pas d’une durée comptée en heures ou en jours, mais d’un comportement caractérisé : le salarié quitte son poste volontairement, sans autorisation, et ne reprend pas le travail malgré les relances de l’employeur.
Lors d’un entretien d’embauche, chaque détail compte, même du sel ou du poivre posé sur la table. On vous explique en quoi ça consiste, et comment le réussir.
Lire l'articleAutrement dit, ce n’est pas la durée qui détermine l’abandon de poste, mais la réaction (ou non) du salarié aux demandes de justification. Une absence d’une seule journée peut donc suffire, tout comme plusieurs jours peuvent passer sans que la situation ne soit encore juridiquement qualifiée comme telle.
Lorsqu’un salarié ne se présente pas au travail sans prévenir, l’entreprise ne peut pas immédiatement parler d’abandon de poste. Elle doit d’abord constater l’absence, puis envoyer une mise en demeure de justifier l’absence ou de reprendre le poste. Ce courrier, envoyé en recommandé avec accusé de réception, constitue la première étape officielle.
Le salarié dispose alors d’un délai raisonnable pour répondre, généralement quelques jours. C’est uniquement en l’absence de réponse ou de retour au poste que l’employeur peut qualifier formellement l’absence d’abandon de poste.
En pratique, il faut souvent attendre entre 3 et 5 jours ouvrés après l’envoi de la mise en demeure pour considérer que le salarié ne compte pas revenir.
Depuis la réforme de 2023, un salarié qui abandonne son poste sans justification est désormais présumé démissionnaire. Cela signifie que l’entreprise n’est plus obligée de passer par un licenciement pour faute grave, comme c’était le cas auparavant. Elle peut engager une procédure simplifiée qui aboutit à une rupture du contrat sans indemnités chômage, sauf contestation du salarié.
Ce dernier dispose de 15 jours pour justifier son absence ou contester la présomption de démission devant le conseil de prud’hommes. Passé ce délai, le contrat est considéré comme rompu à l’initiative du salarié.
Même si l’absence est flagrante, l’employeur a intérêt à respecter les étapes et à ne pas précipiter la qualification d’abandon de poste. En cas de litige, les prud’hommes peuvent requalifier la rupture en licenciement abusif si les droits du salarié n’ont pas été respectés, notamment le droit de se justifier.
C’est pour cette raison qu’un délai minimal de quelques jours est nécessaire avant d’entamer toute procédure, le temps que le salarié puisse recevoir la mise en demeure et répondre.
Plusieurs facteurs influencent le délai avant qu’un abandon de poste soit reconnu :
A LIRE AUSSI Préavis de démission : combien de temps faut-il respecter ?
Il n’existe pas de durée unique pour qu’un abandon de poste soit reconnu, mais les premiers signes se manifestent dès les 2 ou 3 jours d’absence non justifiée. La reconnaissance officielle intervient généralement après une mise en demeure restée sans réponse, soit au total dans un délai de 5 à 10 jours selon les cas.
Au-delà, la procédure de présomption de démission peut être lancée, avec des effets juridiques forts pour le salarié.