L’IA est déjà intégrée dans la technologie e-commerce Shopify, la suite logique consistait à l’intégrer dans le quotidien des salariés… Et c’est maintenant le cas. En effet, le PDG de Shopify, Tobi Lütke, franchit une nouvelle étape dans l’intégration de l’intelligence artificielle au sein de l’entreprise. À travers un mémo adressé à ses collaborateurs, il impose une condition inédite : démontrer que l’IA ne peut pas accomplir une tâche avant de justifier toute demande de recrutement ou de ressources supplémentaires. Un virage stratégique qui redéfinit les attentes en matière de compétences numériques dans le secteur du e-commerce.
L’intelligence artificielle comme compétence incontournable chez Shopify
Le dirigeant de Shopify considère désormais l’utilisation de l’intelligence artificielle générative au travail comme une exigence de base pour tous les employés. L’aptitude à exploiter ces outils sera scrutée lors des entretiens de performance. La capacité à rédiger des prompts efficaces, ces instructions textuelles adressées aux IA génératives, est décrite comme une compétence aussi élémentaire que l’usage du courrier électronique.
Entretien d'embauche : connaissez-vous le test du sel et poivre ?
Lors d’un entretien d’embauche, chaque détail compte, même du sel ou du poivre posé sur la table. On vous explique en quoi ça consiste, et comment le réussir.
Lire l'articleTobi Lütke déplore que certains collaborateurs renoncent à tirer parti de l’IA après un premier essai infructueux. Il rappelle que ces technologies sont capables de produire des résultats « en une fraction du temps » normalement nécessaire. La productivité qu’elles peuvent générer représente, selon lui, un levier stratégique trop souvent sous-estimé.
Shopify impose une nouvelle logique de gestion des ressources
Avant d’autoriser une embauche ou un budget additionnel, les managers doivent désormais « prouver que l’IA ne peut pas faire le job ». Cette règle interne vise à encourager les équipes à automatiser ou optimiser leurs processus avant d’avoir recours à de nouvelles ressources humaines ou matérielles.
Cette directive s’inscrit dans un contexte où l’optimisation des coûts et l’automatisation des tâches deviennent des priorités pour de nombreuses entreprises technologiques. Chez Shopify, la réduction du nombre de réunions superflues avait déjà permis de libérer des milliers d’heures de travail en 2023.
Des conséquences possibles sur l’emploi dans le e-commerce
Le mémo de Tobi Lütke ne précise pas si ce changement de cap aura un impact sur les effectifs. Toutefois, il intervient dans un contexte de restructurations. Shopify, qui emploie aujourd’hui 8 100 personnes en télétravail, a déjà supprimé 20 % de ses postes en 2024. D’après Business Insider, certains licenciements auraient également touché le service client en début d’année 2025. Dans un contexte similaire, on a appris il y a quelques jours que Google avait licencié des centaines de personnes. Les possibilités offertes par l’IA n’y est sûrement pas pour rien
Ce repositionnement stratégique s’inscrit dans une tendance plus large observée dans le secteur technologique. D’autres entreprises comme Klarna ont déjà franchi le pas : selon son PDG, leur chatbot peut remplacer jusqu’à 700 agents. Grâce à l’automatisation des services client et marketing, Klarna envisage une réduction drastique de ses effectifs.
L’IA redéfinit les attentes en matière de productivité
À travers ces mesures, Shopify cherche à adapter ses pratiques aux standards d’une ère où l’intelligence artificielle générative est perçue comme une extension naturelle des compétences professionnelles. La suppression de « réunions absurdes » et l’exigence de résultats rapides traduisent un changement de culture au sein de l’organisation, tourné vers l’efficience et l’autonomie augmentée par la technologie.
La transition vers une main-d’œuvre assistée par l’IA soulève cependant des questions de fond sur le rôle des employés, la valorisation des compétences humaines, et la place accordée à l’expérimentation dans un environnement de plus en plus automatisé. Shopify n’est pas seule dans cette course à la transformation, mais sa position en fait l’un des acteurs emblématiques de cette mutation en cours.