Alors que le télétravail s’est ancré dans les habitudes professionnelles de nombreux salariés, l’opérateur télécom Free, qui a fait la une des médias suite à sa fuite de donnée, subit une fuite fait de nouveau parler de lui… en décidant de restreindre son usage. Une nouvelle charte interne réduit le nombre de jours autorisés en télétravail et provoque une forte contestation syndicale, au point qu’un préavis de grève a été déposé. Entre volonté de contrôle managérial et besoin de souplesse pour les salariés, la situation révèle les tensions croissantes autour du travail hybride dans les grandes entreprises françaises.
La nouvelle politique de télétravail chez Free fixe désormais un plafond à dix jours par mois, contre huit auparavant. Ce changement, bien qu’à première vue plus souple, inclut également une restriction sur les vendredis télétravaillables, limités à deux par mois.
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Lire l'articleSelon les chiffres internes, environ 15 % des 12 000 salariés de l’entreprise sont concernés par le télétravail. Malgré cette proportion relativement faible, la décision soulève une vive opposition syndicale, notamment parce que les salariés espéraient un assouplissement plus large des modalités plutôt qu’un encadrement plus strict des jours autorisés.
Free justifie cette évolution par un souci de cohérence organisationnelle et de meilleure coordination entre les équipes. L’entreprise met en avant des enjeux de « collaboration, de proximité et de rapidité dans les échanges » pour défendre cette nouvelle charte.
Après une annonce similaire chez Société Générale, qui laissait planer un risque de grève ce vendredi, deux syndicats de l’entreprise Free, FO et Printemps écologique, ont officiellement déposé un préavis de grève à compter du 1er juillet 2025. Ils critiquent une décision prise unilatéralement et dénoncent un manque d’écoute de la direction.
Dans leur communiqué, ils fustigent une posture managériale jugée rigide, évoquant une direction qui « reste sourde aux revendications ». L’Inspection du travail, saisie par les représentants du personnel, aurait d’ailleurs émis des réserves juridiques sur certains points de la nouvelle charte.
Les syndicats réclament notamment le retrait immédiat du document et l’ouverture de négociations. Ils estiment que la mesure pourrait être le signe d’un changement plus global dans la stratégie sociale du groupe, dans un contexte de forte concurrence sur le marché des télécoms.
Le préavis de grève pourrait concerner plusieurs entités du groupe Iliad, maison mère de Free. Parmi les filiales mentionnées figurent Free Mobile, Freebox, Free SAS, Free Réseau, Iliad SA et Trax. L’ampleur du mouvement reste encore incertaine, mais la contestation pourrait s’étendre si aucun compromis n’est trouvé.
Free précise toutefois que cette mobilisation ne devrait pas avoir d’impact direct sur les services rendus aux abonnés, malgré le risque de perturbation en interne.
La direction souligne que certaines situations personnelles bénéficieront de mesures dérogatoires. C’est notamment le cas pour les salariés en situation de handicap, les personnes habitant à plus de 75 minutes de leur lieu de travail, les femmes enceintes, les proches aidants et, nouveauté notable, les collaboratrices atteintes d’endométriose.
Il s’agit d’un premier cas en France d’adaptation du télétravail à cette pathologie. Cette approche individualisée semble toutefois insuffisante à apaiser les tensions globales liées à la mise en place d’un système plus contraignant pour la majorité des collaborateurs.
Chez les concurrents, les politiques varient. Les salariés d’Orange bénéficient de 12 jours de télétravail mensuels. SFR et Bouygues Telecom appliquent une logique hebdomadaire avec 2 jours par semaine, assortis d’un maximum de deux vendredis télétravaillables par mois.
La stratégie de Free, bien qu’ayant augmenté son quota mensuel, paraît donc en retrait par rapport aux pratiques les plus souples du secteur. La direction affirme cependant que cette mesure vise à préserver une équité interne, rappelant que 85 % des salariés ne télétravaillent pas actuellement.