Licenciement pour faute grave : peut-on contester la décision de l’employeur?

Licenciement pour faute grave : peut-on contester la décision de l’employeur?

Le licenciement pour faute grave est l’une des sanctions les plus sévères en droit du travail. Il met fin au contrat sans préavis ni indemnité de licenciement, y compris l’indemnité légale. Toutefois, cette décision ne donne pas tous les droits à l’employeur. Si vous estimez que la mesure prise à votre encontre est injustifiée, vous pouvez la contester dans un cadre légal précis. Voici tout ce qu’il faut savoir pour faire valoir vos droits.

Définition juridique de la faute grave et ses conséquences

La faute grave correspond à un comportement du salarié rendant impossible le maintien de son poste, même temporairement. Elle peut résulter de différents faits : abandon de poste sans justification, insubordination, violences, vol, injures, harcèlement, divulgation d’informations confidentielles, etc.

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Conséquences immédiates :

  • Rupture immédiate du contrat
  • Absence de préavis
  • Aucune indemnité de licenciement (sauf pour les congés payés non pris)
  • Notification rapide : l’employeur doit agir dans un délai très court à partir du moment où il a connaissance des faits reprochés (généralement 2 mois maximum)

Mais attention : l’employeur doit prouver la gravité de la faute. Il ne peut pas s’appuyer uniquement sur une appréciation subjective ou une simple erreur de jugement.

Conditions de validité d’un licenciement pour faute grave

Pour être considéré comme légal, un licenciement pour faute grave doit respecter trois conditions cumulatives :

  1. Faits suffisamment sérieux : l’employeur doit démontrer que les faits sont incompatibles avec le maintien du salarié.
  2. Procédure respectée : convocation à un entretien préalable, possibilité d’assistance pour le salarié, lettre de licenciement motivée.
  3. Délais courts : la sanction doit être prise dans un délai raisonnable à partir de la découverte des faits.

Si l’une de ces conditions est absente, le salarié peut engager une contestation. En pratique, de nombreuses décisions de licenciement sont annulées par les tribunaux faute d’éléments suffisants ou à cause d’une procédure bâclée.

Quels recours si vous estimez le licenciement injustifié ?

Un salarié peut contester un licenciement pour faute grave devant le conseil de prud’hommes, dans un délai de 12 mois à partir de la rupture du contrat.

Plusieurs situations peuvent justifier une contestation :

  • Les faits reprochés sont exagérés ou mal interprétés
  • L’attitude sanctionnée était isolée ou provoquée
  • Aucune preuve formelle n’a été produite
  • La procédure a été menée de manière irrégulière (entretien non respecté, délai dépassé, motifs flous…)

Le salarié peut se faire accompagner d’un avocat ou d’un défenseur syndical pour constituer un dossier solide : contrats, emails, témoignages, documents internes, historiques disciplinaires

Quels résultats espérer si le licenciement est jugé abusif ?

Si les prud’hommes estiment que le licenciement est sans cause réelle et sérieuse, ou que la faute grave n’est pas établie, plusieurs issues sont possibles :

  • Réqualification en licenciement simple : le salarié récupère les indemnités non versées (préavis + indemnité de licenciement).
  • Indemnité pour licenciement abusif : selon l’ancienneté et la taille de l’entreprise, l’indemnité peut varier entre 1 et 20 mois de salaire brut (référentiel Macron).
  • Remboursement de tout ou partie des frais juridiques : dans certains cas, l’employeur peut être condamné aux dépens.
  • Réintégration dans l’entreprise : cette solution est rare et ne se fait qu’avec l’accord des deux parties.

👉 En 2023, selon la Dares, plus de 1 600 décisions de licenciement pour faute grave ont été invalidées chaque mois par les conseils de prud’hommes, faute de justification solide.

Que faire si vous souhaitez contester la décision ?

Voici les étapes à suivre si vous voulez faire valoir vos droits après un licenciement pour faute grave :

  1. Demandez une copie complète du dossier (courriers, rapport disciplinaire, PV d’entretien…)
  2. Contactez un avocat spécialisé en droit du travail ou un défenseur syndical
  3. Rassemblez des preuves de votre version des faits (témoignages, échanges de mails, historique professionnel…)
  4. Saisissez les prud’hommes dans un délai d’un an à partir de la date de notification du licenciement
  5. Préparez votre argumentaire en vous appuyant sur les éléments de fond (faits contestables, absence de proportion, irrégularités)

Le conseil de prud’hommes statue après audience. La procédure dure généralement entre 6 et 12 mois, selon la complexité du dossier et la juridiction concernée.

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Peut-on toucher le chômage après une faute grave ?

Contrairement à une idée reçue, le licenciement pour faute grave n’empêche pas l’accès à l’assurance chômage. Le salarié peut s’inscrire à Pôle emploi et percevoir l’ARE (allocation de retour à l’emploi), selon les règles classiques.

Seules les fautes lourdes avec intention de nuire à l’entreprise (vol organisé, sabotage, violence délibérée, etc.) peuvent parfois justifier une exclusion temporaire ou une suspension du droit à l’indemnisation. Mais même dans ce cas, un recours est possible auprès de France Travail.


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