Instrument clé du dialogue social, le bilan social en entreprise constitue un outil d’analyse et de transparence sur les conditions de travail et les ressources humaines. Imposé dans certains cas par le Code du travail, il permet d’informer les représentants du personnel sur la situation sociale de l’entreprise. Décryptage d’un dispositif souvent méconnu mais incontournable.
Le bilan social est un document regroupant, sur une période de trois ans, des informations chiffrées et objectives relatives à la situation de l’entreprise en matière d’emploi, de rémunération, de conditions de travail, de formation professionnelle, d’hygiène et de sécurité. Il constitue une photographie sociale permettant d’identifier les évolutions internes et d’en débattre au sein des instances représentatives du personnel.
Lors d’un entretien d’embauche, chaque détail compte, même du sel ou du poivre posé sur la table. On vous explique en quoi ça consiste, et comment le réussir.
Lire l'articleCe document est structuré autour de sept domaines obligatoires : emploi, rémunérations et charges accessoires, conditions d’hygiène et de sécurité, autres conditions de travail, formation, relations professionnelles et conditions de vie dans l’entreprise et hors de l’entreprise. Le contenu est précisé par décret pour assurer une homogénéité dans les informations transmises.
Le caractère obligatoire du bilan social en entreprise est régi par l’article L2323-70 du Code du travail. Celui-ci impose son élaboration aux entreprises de droit privé comptant au moins 300 salariés, y compris les établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC), ainsi que les établissements publics dotés de personnel de droit privé.
Le document doit être présenté une fois par an au comité social et économique (CSE). Il doit également être mis à la disposition de l’inspecteur du travail et des représentants syndicaux. Ce partage vise à favoriser une meilleure concertation sur les enjeux sociaux et les orientations stratégiques de l’entreprise.
La réalisation du bilan social repose sur une collecte rigoureuse de données sociales. Les indicateurs doivent être renseignés pour les trois années précédentes afin de permettre une comparaison dans le temps. Cela suppose un travail collaboratif entre les services des ressources humaines, de la paie et parfois les services financiers.
Une fois achevé, le document est présenté au CSE dans un délai de trois mois après la clôture de l’exercice annuel. Il est accompagné d’une analyse qualitative et d’un avis formel du CSE, annexé au bilan. Celui-ci est ensuite transmis à l’inspection du travail dans un délai d’un mois après sa présentation au CSE.
Le contenu du bilan social en entreprise est strictement encadré. Il doit comporter des indicateurs dans les catégories suivantes :
Ces données doivent être présentées de manière claire et synthétique pour permettre une interprétation aisée par les représentants du personnel.
Le non-respect de l’obligation d’élaboration du bilan social expose l’employeur à plusieurs conséquences. D’une part, le CSE peut saisir le tribunal judiciaire pour exiger la communication du document. D’autre part, l’inspection du travail peut constater une entrave au fonctionnement des institutions représentatives du personnel.
Une telle entrave peut entraîner des sanctions pénales. L’article L2317-1 du Code du travail prévoit une amende pouvant aller jusqu’à 7 500 euros pour les personnes physiques, et davantage en cas de récidive ou si l’entreprise est poursuivie en tant que personne morale. Par ailleurs, l’absence de bilan social peut affaiblir la position de l’entreprise lors de négociations ou de litiges collectifs.
Au-delà de son caractère réglementaire, le bilan social peut aussi devenir un outil stratégique pour piloter les ressources humaines, anticiper les tensions sociales et renforcer la transparence interne notamment au niveau salarial, social etc. Lorsqu’il est utilisé à bon escient, il facilite une gestion plus équitable et plus éclairée du personnel.