On vous en a déjà parlé il y a quelques semaines : à partir de 2027, les auto-entrepreneurs devront obligatoirement adopter la facturation électronique. Une réforme qui vise à renforcer la lutte contre la fraude fiscale, mais qui pourrait bien fragiliser les finances des plus petits entrepreneurs. Quels sont les enjeux, les échéances et surtout les coûts attendus de cette nouvelle obligation ? Décryptage.
A partir du 1er septembre 2026, la facturation électronique deviendra progressivement obligatoire pour toutes les entreprises en France. Si les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) seront les premières concernées, les auto-entrepreneurs bénéficieront d’un délai supplémentaire jusqu’en septembre 2027.
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Lire l'articleCe dispositif imposera aux indépendants d’émettre leurs factures via des plateformes de dématérialisation partenaires (PDP), validées par l’Etat. Cette réforme a pour ambition de mieux contrôler les flux financiers afin de réduire la fraude à la TVA, avec un objectif gouvernemental de récupérer entre 8 et 10 milliards d’euros par an.
À l’heure actuelle, la liste des plateformes agréées publiée par le ministère de l’Économie reste provisoire. Aucune interface n’a encore obtenu d’agrément définitif. Ce flou alimente les incertitudes des petites entreprises et des travailleurs indépendants, d’autant que la loi sur la simplification de la vie économique, en discussion au Parlement, pourrait repousser certains aspects du calendrier.
Malgré cette incertitude, les auto-entrepreneurs savent déjà qu’ils devront à terme utiliser ces outils numériques, souvent conçus par des prestataires privés et donc payants.
Pour les plus petites structures, qui n’atteignent pas les seuils 2025 des auto-entreprises, le passage à la facturation électronique risque de peser lourd dans le budget annuel. Selon les prévisions du Syndicat des Indépendants (SDI), il faudra compter au minimum 50 euros par mois pour accéder à ces plateformes, soit 600 euros par an.
À cette dépense s’ajoutent d’éventuels frais de comptabilité ou des commissions bancaires liés à la mise en conformité des factures. Ce montant est d’autant plus préoccupant que de nombreux auto-entrepreneurs réalisent un chiffre d’affaires modestes, gagnent entre 1 000 et 1 200 euros.
D’après un baromètre du SDI publié en avril 2025, 45 % des patrons de TPE et d’auto-entreprises se déclarent non préparés à ce changement, souvent par manque de temps ou d’informations. Plus inquiétant encore, 85 % d’entre eux ignorent encore combien cette réforme va réellement leur coûter.
Ce manque de préparation soulève des interrogations sur l’impact de la facturation électronique sur la pérennité du régime d’auto-entrepreneur, notamment pour les professionnels dont les marges sont déjà réduites.
Le SDI alerte sur les conséquences de cette réforme : pour certains auto-entrepreneurs, devoir supporter un coût supplémentaire de plusieurs centaines d’euros par an pourrait remettre en cause la viabilité même de leur activité. Le syndicat rappelle que beaucoup d’indépendants exercent pour générer des revenus modestes, et que cette nouvelle charge pourrait les contraindre à revoir leur modèle économique, voire à abandonner leur activité.